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LE

CORRESPONDANT

RECUEIL PERIODIQUE,

LE

CORRESPONDANT

RECUEIL PERIODIQUE.

RELIGION, PHILOSOPHIE, POLITIQUE, SCIENCES, LITTERATURE, BEAUX-ARTS.

TOME VINGT-SIXIEME.

PARIS AU BUREAU DU CORRESPONDANT

' RUE DE SEINE, 36.

1850

LA VERITE

LA LOL DE L’ENSEIGNEMENT

PAR PARISIS

Av&QUE DE LANGRES, MEMBRE DE L'ASSEMBLEE LEGISLATIVE !.

I

La loi de l’enseignement est promulguée : elle a pris place dans nos codes, et si rien de trés-grave ne survient d’ici au mols de septembre prochain, on en tentera l’exécution. Comme en toutes choses on com- mence par ce qui est le plus facile, on nommera d'abord un déluge de fonctionnaires, et cela dans un moment ou la situation de nos finances oblige & des économies sur le pain méme de ceux qui l’ont souvent le mieux gagné, dans un temps ov la superfétation administrative a été reconnue pour un de nos plus grands maux. reste, c’est-d-dire la coopération zélée et sérieuse de tous ceux que la loi convie 4 prendre place dans les nouveaux conseils, s'accomplira comme iI plaira a Dieu; et, sous ce rapport, ce que nous avons le plus 4 redouter peut-étre. c'est moins un refus absolu de concours qu’un semblant d’exécution destiné 4 dégénérer bientdt en négligence et en inexactitude.

Quoi qu’il en soit, nous n’avons rien 4 voir désormais dans ces con- séquences trop prévues. Si quelque bien se fait, nous l’accepterons avec reconnaissance et sans aucun retour d’amour-propre sur nos prédictions moins favorables ; sl les embarras surgissent et si les inconvénients se manifestent, ce sera pour nous une triste consolation d’avoir prévu le mal et de l’avoir a l’avance signalé.

* Paris, chez J. Lecoffre. T. XXVi. 10 avrit 1850. 4°* xive. f

2 LA VERITE SUR LA LOI

Ces dispositions sont telles de notre part, que, si le dénouement de cette longue discussion s’était borné 4 la promulgation de la loi, nous aurions probablement gardé le silence ; mais un des membres les plus considérables de la commission ministérielle et de la commission parle- mentaire, un des orateurs qui, par la gravité de leur caractére et l’as- cendant de leur parole, ont le plus influé sur les débats de l’As- semblée législative, M. ’évéque Langres, ne s’est pas contenté du role important qu'il avait joué dans la Chambre: il a écrit une brochure deat le titre : La vdrité sur la loi de UVenseignement, pro- met des éclaircissements qui jusqu’ici ont paru faire défaut a bien des catholiques. Nous manquerions 4 notre devoir, si nous passions sous silence un écrit émané d’un auteur aussi respectable et d’un juge aussi compétent; nous donnerions l’exemple de la légéreté et de la mauvaise foi, si nous évitions de soumettre. notre opinion personnelle au controle d'une aussi grave autorité.

D’ailleurs, bien que ce quise passe semble justifier les appréhensions des adversaires du projet de lol, il s’en faut que le jugement des hommes religieux soit fixé sur une question aussi délicate par elle-méme et que la passion des partisans de la loi a Rendue encore plus embarrassante a résoudre. Pour tous ceux qui n’ont pu étudier les détails, l’attes- tation d’hommes tels que ceux qui ont fait réussir dans le parlement la transaction qu’ils avaient imaginée, conserve une gravité que nous n’ayons nullement I'intention d’atténuer. L’accusation qu’on a lancée contre ceux qui répugnent & la loi de vouloir tout ou rien, cette accusation, qui les représente comme des hommes intraitables, n’est. point suffisamment ébranlée : et quand bien méme on rendrait plus de justice 4 leurs intentions et a leurs [umiéres, la loi subsiste; il vaut mieux, dit-on, en tirer dés & présent tout le parti possible que de pro- longer des querelles déplorables : tel est le sentiment du plus grand nombre, et pourvu qu’il y ait jour & quelque avantage, nous ne de- tandons pas mieux que de nous associer a cette disposition bienveil- lante et active.

Dans un pareil moment, un écrit de l’évéque de Langres (c'est tout dire!) devrait étre pour les catholiques une bonne fortune inapprécia-~ ble; car si une solution, méme provisolre, doit sortir de cette pénible discussion, on doit s’attendre 4 voir cet écrit la produire. Mais dés Yabord une difficulté considérable se présente : M. l’évéque de Lan- gres est-il pour nous ou contre nous? I] serait évidemment contre nous si, aprés avoir voté le projet 4 l’issue de la seconde lecture, il avait persisté.jusqu’au bout dans cette conduite. Il n’en est pas ainsi : tout le monde sait qu’au troisitme et dernier scrutin M. l’évéque de Lan-

DE L’ENSEIGNEMENT. 3

gres s'est abstenu de voter la Joi. La maniére dont il l’avait défendue a la tribune, les réserves si graves et si multipliées dont il avait ac- compagné cette apologie du travail des deux commissions, auraient faire pressentir une telle résolution, qui pourtant a paru surprenante & beaucoup de personnes. Mgr Parisis l’a expliquée dans les journaux; ily revient au bas d'une des pages desa brochure : « Une grande partie « des évéques de France m’ayant adressé, dit-fl, sur l’‘inspection des « petits séminaires, des réclamations trés-pressantes qui n’ont pu « trouver leur pleine satisfaction ni dans la commission ni dans l’As- « semblée, il m’a semblé difficile de voter la loi, et c’a été la cause « déterminante de mon abstention. »

Cause determinanie / Nous le voulons bien ; mais on n’a pas besoin de cause déterminante, quand l’opinion est fermement arrétée : l’acci- dent, qui au dernier moment fait pencher dans un sens ou dans |’autre les plateaux de la balance, n’a lieu qu’alors que l’équilibre s’est d’abord établi entre le pour et le contre, et un procés ou les chances des deux parties se maintiennent ainsi jusqu’au dernier moment n’est pas de nature 4 créer dans l’esprit des hommes de sens une convic~ tion bien ferme. Le proverbe |’a dit : Dans le doute, abstiens-toi! et c'est ce que M. I’évéque de Langres a fait, avec autant de conscience que de sagesse. :

Ce qui nous étonne profondément, c’est de voir Mgr Parisis présenter son abstention comme le signe d’une disposition favorable a la loi : Je me suis abstenu, semble-t-il dire, donc réjouissez-vous et accueillez le projet de loi comme une conquéte, comme un service rendu a la reli- gion catholique. En vérité, cette conclusion vers laquelle il nous pousse semble peu d’accord avec les premisses. Nous connaissons d’auw- tres législateurs qui se sont abstenus dans cette occasion mémorable,e ils ne cachaient pas qu'une telle résolution ne fut de leur part la preuve d'une hostilité réfiéchie. Si la majorité edt paru moins décidée, si les premiers noms du parlement ne se fussent aussi solennellement en- gagés, les législateurs dont je parle eussent été plus loin: ils auraient résolument yoté contre la lol. Mais leur opinion particuliére ne pouvait plus exercer d'influence, et il leur suffisait de marquer leurs craintes en refusant de grossir le chiffre de Ja majorité. Telle a été, dans la cir- constance, le sens général des abstentions, et l’interprétation que M. l’évéque de Langres donne a Ja sienne peut sembler moins naturelle. Lillustre prélat nous pardonnera, j’esptre, de pousser plus loin nos

conjectures, periculum in re dubia: en lisant son écrit avec la suite et lattention qu'il recommande 4 ses lecteurs ( « Je demande instamment "#4 ceux qui voudront prendre connaissance de ce petit ouvrage, de le

h LA VERITE SUR LA LOI

« lire tout entier et sans parti pris, » c’est ce que nous avons fait), en le lisant, dis-je, dans cette disposition, non-seulement impartiale mais respectueuse, il nous a sembié toujours voir au bout de chacune des propositions qu'il renferme une conclusion différente de celle qu’on y trouve : « Acceptez le projet de lef, semble-t-il prét 4 dire, puisque je Vai accepté moi-méme; mon suffrage doit déterminer le votre et vain- ‘ere vos derniers scrupules. » Mais il n’en est pas ainsi : la résolution prise en fin de compte par Mgr Parisis dérange les termes du raison- nement. « Mes scrupules m’ont empéché de voter pour Ie projet de loi; donc vous devez imposer silence aux vdtres... » Il faudrait un rare degré de soumission pour consentir 4 faire ainsi violence 4 la logique.

Il est vrai que M. l’évéque de Langres se retranche derriére les récla-

mations qui lui ont été adressées par une grande partie des évéques de ‘France. Mgr Parisis n'a pas youlu se mettre en contradiction avec la majorité de l’épiscopat francais : il a sacrifié sa propre opinion 4 cette majorité vénérable; il a fait, non ce qu'il avait résolu de faire lui- méme, mais ce qu’aurajent fait & sa place Jes nombreux auteurs de ces graves réciamations. Faut-il donc substituer a la conclusion peu logique ov nous nous sentions amenés tout 4 Pheure un raisonnement qui ne le serait guére davantage : « Réjoulssez-vous, acceptez la loi comme une « conquéte, comme un service rendu 4 1a religion, car la majorité de « épiscopat francais ne l’approuve pas. »

Toutefois, on pourrait nous reprocher ici de prendre l’apparente pour une réalité : tout allait bien, dira-t-on, jusqu’'a cequ’il ait été question de l‘inspection des petits séminaires. A ce moment, la majorité de la com- mission et celle de l’Assemblée ont introduit dans le.projet de loi une disposition que les évéques ne pouvaicnt accepter, et qui leur faisaft prévoir, pour un avenir prochain, la nécessité des protestations et de la résistance. Sans cette petite pierre, contre laquelle le char a tout 4 coup choppé, on serait arrivé sans encombre au bout de la carriére, et pro- bablement la majorité de l’épiscopat se serait abstenue de toute récla- mation. Ne dirait-on pas que l‘inspection des petits séminalres a été une question improvisée, et que tout le monde a été surpris par la résolu- tion prise 4 cet égard par la commission et l"Assemblée? Et d’ailleurs, si la plupart des réclamations portent sur l’inspection des petits séminai- res, ily en a d'autres, plus graves peut-étre, parce qu’elles atteignent directement le systéme de la loi. M. l’évéque de Langres les a prévues; il y a répondu d’avance: mais sa réponse n’a point paru sans répli- que. Ici, nous devons citer textuellement, puisqu’il s‘agit d’un dissenti- ment entre personnes qui nous inspirent une égale vénération.

«On a demandé, dit Mgr Parisis, d‘abord comment se ferait cette

DE L°ENSEIGNEMENT. 5

« élection (celle des évéques qui devront siéger dans le consei] de l’in- « struction publique), et ensuite jusqu’’ quel point elle engagerait la « responsabilité des évéques qui l’auraient faite.

«a La premiére question, n’étant qu'une affaire de forme, ne peut ja- « mais causer de sérieux embarras, et quelque marche que !’on suive, «les droits de l’épiscopat devront étre 4 ce sujet enti¢rement sauve- « gardés.

« La seconde es: beaucoup plus grave, parce qu’en effet les évéques « nommeés au consej! supérieur auront surtout 4 se prononcer sur les « doctrines, qu’ils ont chacun ¢e pouvoir pour eux-mémes, aussi bien « que les prélats qui les auront nommés, et que ces derniers ne peuvent «pas sur ce point leur faire une délégation ; en nommant au conseil « supérieur quatre de leurs collégues, les évéques de France leur don- « nent donc leur confiance et non pas leurs pouvoirs ; ils ne seront donc e ni liés ni engagés par les décisions en fait de doctrines prononcées par «leurs collégues preposés 4 l’enseignement public. »

Le Monitew’ catholique 2 cru devoir répondre a cette note de Mgr Pa- risis. Aprés une discussion lumineuse et irréfutable sur la nature du mandat, le Moniteur conclut ainsi: « Ceux qui ne veulent pas étre liés « par les actes d’autrui n'ont qu’a ne pas se donner de représentant. « C'est Ja conclusion a laquelle nous nous sentons conduit en réfléchis- «sant sur ce sujet. C’est aussi le parti auquel semblent s’étre arrétés « plusieurs de NN. SS. les évéques, qui seraient résolus, si nos infor- « mations sont exactes, 4 ne prendre aucune part 4 l’élection de ceux « d’entre eux qui doivent étre délégués au conseil supérieur, et 4 dé- « cliner l"honneur de cete délégation, si elle leur était offerte. »

On sait sous quels auspices se publie le Moniteur catholique : article dont nous venons de citer la fin, article rédigé avec une gravité inac- | coutumée, nous permet donc de croire 4 l’avance que M. l’archevéque de Paris n’acceptera pas la délégation de ses collégues pour siéger dans le conseil supérieur, si cette délégation lui est offerte, et qu'il ne vou- dra pas davantage prendre place au consefl académique de la Seine, ou la loi 'appelle directement. Il est également 4 présumer, d’aprés le méme article, que bon nombre de nos évéques imiteront l’abstention de M. l’archevéque de Paris.

A Dieu ne plaise que nous tirions parti de ces dissentiments pour la satisfaction de notre amour-propre; ce serait un sacrilége que de laisser prendre 4 la vanité individuelle la moindre part 4 ces débats. Jusqu’é ce jour méme, on le remarquera, nous nous sommes abstenus de faire intervenir dans cette querelle l’opinion favorable ou contraire 4 nos idées, de tel ou tel membre de l’épiscopat. Ce n’est pas que nous ne te-

6 LA VERITE SUR LA LOI

nions grand compte d’autorités aussi imposantes et aussi décisives:; mais dans le débat actuel il yen avait de part et d‘autre, et d’ailleurs les objections graves, insurmontables qui, selon nous, s’élévent contre la loi, ne sont pas toutes de celles dont la décision appartient exclusi- vement A l’autorité spirituelle.

Dés gu'on met le pied en dehors du domaine de I’Eglise, sur les con- fins méme de ce domaine et quand il s’agit des rapports de l’Eglise et de !l’Etat, toujours controversés, peut-étre impossibles 4 définir d'une maniére rigoureuse, il se produit au sein méme des plus grandes lu- miéres une telle diversité de sentiments et de vues, que le mieux est, quand on est laique et libre de tout engagement public et sacré, de traiter ces problémes 4 ses risques et périls, au lieu de provoquer en toute occasion des décisions doctrinales. Voyez ce qui se passe en Ir- lande sur un terrain & peu prés semblable; les évéques sont divisés, et, malgré un premier avis, le Saint-Siége, dans son immuable prudence, n’a point encore jugé 4 propos de mettre fin 4 cette division.

Il y a plus : les évéques ont 4 garder des ménagements qui ne nous concernent point; leur influence morale n’est pas moins importante a sauvegarder que leur autorité canonique; au milieu des querelles qui divisent leur troupeau, ils doivent maintenir une neutralité bienveil- lante jusqu’au moment ou le devoir leur commande de se prononcer. S’enquérir des motifs qui font parler les uns et dictent le silence des autres, c’est une inconvenance dont i] faut espérer que nous n’encour- rons jamais le reproche. Dans Ja circonstance présente nous trouvons tout naturel que des évéques aient été au devant d'une transaction, et ceux d’entre nos prélats qui ont jugé 4 propos, dés le début de la querelle, de renouveler la sainte fermeté du langage des Cyrille et des Hilaire, en nous causant une joie profonde, n'ont pas pour cela donné lieu en nous & une explosion de sentiments défavorables 4 ceux qui ne prenaient pas le méme parti.

Donc, & considérer les choses froidement et sainement, ce n’est point une question de majorité épiscopale, puisqu’il ne s’agit pas de la sub- stance méme de la religion; on a voulu nous faire croire d’abord que le plus grand nombre des éyéques francais acquiescait au projet de loi: la certitude d’un tel fait, tout en nous donnant sérieusement a réfié- chir, n’edt point suffi néanmoins pour nous faire abandonner notre ‘maniére de voir; aujourd’*hui nous savons, 4 n’en pas douter, qu'il y a plus d’évéques contre que pour la loi: c’est une présomption de plus en notre faveur; ce ne serait pas, quant au fond des choses, un argument eans réplique ; mais enfin il nous reste démontré que M. l'évéque de Langres a eu plus d’une bonne raison pour s‘abstenir.

DE L’ENSEIGNEMENT. | ?

Mgr Parisis avait fortifié sa position avec l’autorité qui s’attache 4 son caractére sacré, avec l'admirable talent qui réhausse l’éclat de ses vertus. Attaquer une forteresse si bien défendue aurait été une tache difficile; mais voici Pauteur de La Vérité sur la loi de UVenseigne- ment Qui arrache lui-méme un de ses plus forts créneaux; il nous par~ donnera si, pour entrer dans la place, nous profitons de la bréche qu'il nous a faite. Cependant, ne nous hatons pas de chanter victoire; nous Yenons de le dire, sur une question mixte comme celle qui nous occupe, notre position jouit d’un certain degré d’indépendance, et nous en pro- fitons. L’abstention des évéques motivée par tel ou tel article de la loi n’est pas pour nous une régie absolue de conduite. M. l’évéque de Langres n’exige pas de nous cette abnégation, puisqu’il est le pre- mier 4 nous dire : Je me suis abstenu, mais vous, vous devez accepter la loi. Pour produire en nous cette détermination, {1 a d’abord exposé les.vices de Ja loi; il a offert ensuite en compensation les avantages quelle présente, et c’est de la balance de ces deux sommes qu'il tire un profit évident pour la religion. Laissons d'abord de cété les vices de la loi; ous ne les connaissons que trop. Courons vite aux avantages, que, dans )’entrainement de la polémique, nous avons peut-étre eu le tort de méconnaftre ou d’atténuer. Exécutons-nous, s’il le faut, et, pour ne rien dissimuler, pour donner 4 ce qui devrait, dit-on, nous faire accepter la lai la plus séduisante apparence, laissons la parole au prélat dont les efforts ent certainement le plus contribué & ce bien qu'il nous sera si doux de reconnaitre. Le bien, c’est 4 Mgr Parisis et aux autres ecclésiastiques, aux autres catholiques des deux commissions que nous en sommes redevables; le mal, c'est la proie qu’il a fallu abandonner & leurs adversaires. Nous sommes des gens sincéres et bonnétes; nous avons Ja prétention d’étre des hommes éclairés: par conséquent nous sommes aussi des gens de bonne composition.

Il

M. l'évéque de Langres divise les avantages consacrés par la nouvelle loi en améliorations sous le rapport de la liberté, et en améliorations sous be rapport dela religion ;: il en reconnait un certain nombre dans Ja pre- midre catégorie, et plusieurs aussi dans la seconde ; puis, les envisageant dans leur ensemble, il les résume en ces termes :

« La loi détruit obligation de l’autorisation préalable ;

« Elle réduit a des conditions modérées les garanties de moralité et s de capacité exigées par la Constitution ;

- « Elesupprime, pour ceux qui se présentent aux examens, l’exigence « injuste du certificat d'études ;

8 LA VERITE SUR LA LOI

« &* Elle admet au bénéfice du droit commun de l’enseignement a tous a les degrés les membres des congrégations religieuses non reconnues et « méme précédemment proscrites ;

a Elle consacre, pour les supérieurs des congrégations reconnues, « le droit de présenter, c’est-a-dire en réalité de nommer directement « leurs sujets aux écoles primaires communaies;

« Elle donne, sous des conditions qui n‘ont rien d’exagéré, le droit « d’ouvrir des pensionnats primaires ;

« Elle met légalement au niveau du brevet de capacité les lettres « d’obédience délivrées aux religieuses par leurs supérieurs ;

« Elle reconnalt aux ministres du culte le droit de donner 4 tous « les enfants l’enseignement primaire, et 4 quatre jeunes gens l’instruc- « tion secondaire, sans aucune autre condition que leur titre sacré ;

« Enfin, elle abolit tout co que prescrivaient aux petits séminai- ares les ordonnances de 1828, et quant au costume ecclésiastique, et ‘ea quant & l’admission des externes, et quant 4 Ja limite du nombre.

« 11 est impossible de le nier, vollé ce qui nous est donné, ou, si l'on a veut, ce qui nous est rendu par la loi nouvelle et par elle seule. »

Oy a t&éché souvent de faire ainsi le bilan, profits et pertes, de la lol nouvelle, et jusqu'ici tous les tableaux des profits ont donné lieu 4 de sérieuses réclamations. Mais i] suffit de repasser celui que nous venons de transcrire, pour s’apercevoir qu’on n’y a rien surfait : la médiocrité des résultats y sert de garantie & leur exactitude, et encore on pourrait se permettre quelques observations. Par exemple, est-il bien certain que la loi nouvelle nous ait donné ou rendu labolition du certificat d’é- tudes ? Cette injuste prescription n’était pas l’oeuvre de la législation, mais d’un pur caprice universitaire; il a donc suffi d’un décret, il au~ rait suffi d’une décision ministérielle pour en accomplir abolition. La loi n’en dit pas un mot, et, sous ce rapport, il n*y a pas de reproche a lui faire; car, enfin, c’était l’enseignement supéricur qui exigeait le certificat d’études, et comme la loi nouvelle a réservé tout ce qui con- cerne l‘enseignement supérieur, y compris l’examen qui sert 4 consta- ter les résultats de l’enseignement secondaire, ii faudra la loi de l’ensei- gnement supérieur pour savoir enfin s'il sera également interdit d’en revenir & ce raffinement de la tyrannie universitaire. Nous ne compre- nons donc pas trés-bien comment ce paragraphe 6 se trouve compris dans le résumé de Mer Parisis, 4 moins qu’on ne dise que Ja loi ayant supprimé toutes les distinctions entre le plein exercice et l’exercice li- mité, la base méme manque.au certificat d’études. Rendons justice 4 tout le monde : c’est 4 M. de Parieu tout seul, et non a la lol, que la li- berté est redevable de |’abolition du certificat d'études.

DE L’ENSEIGNEMENT. 9

Dans le reste des bienfaits attribués & la loi, il faut distinguer, comme I'a fait M. ’évéque de Langres, ce qui concerne les congrégations reli- gieuses, d’hommes ou de femmes, autorisées ou non autorisées par 1a loi. Quant 4 ces derniéres, l‘auteur de la Vérité sur la lot de Penseigne- ment a bien le droit de vanter le pas qu’on a fait dans la voie de léquité et du bon sens ; car ce progres est en grande partie son ouvrage. Nous n’oublierons pas, l’Eglise catholique n’oubliera jamais les nobles et cou- rageuses paroles qu'il a prononcées 4 cette occasion, paroles qui ont ~ conduit 4 former, sur un point trés-clairement défioi, la plus forte ma~- jorité que les idées d’ordre alent obtenue dans le sein de l’Assemblée ]é- gisiative. Il est vrai, qu’ légard des congrégations non autorisées, la loi nouvelle ne vontient aucune disposition précise et triomphe, pour ainsi dire, par son silence. A cette objection, Mgr Parisis répond d'a~ bord qu'une définition comme celle que nous aurions si vivement dé- sirée revient de droit a Ja loi future sur les associations : Non erat hic locus ; et si l'on élevait quelques doutes sur la certitude de remporter alors une seconde victoire, l'illustre prélat renouvelle un dilemme au- quel Ja profonde instabilité de notre état politique donne malheureu- sement une grande force : «Sila situation sociale reste la méme, le «danger n’est pas séricux; si elle changeait dans un certain sens, {I en’y aurait plus de garanties pour rien. »

Toutefols, et nous en demandons pardon a M. l‘évéque de Langres, Yapplication de ce raisonnement a l'avenir des congrégations non au- torisées est plus spécieuse que solide. Entre les deux extrémes qu’il pose, on comprend trés-bien un juste milieu pareil & celui qui pro- duit actuellement, en Piémont et dans la Belgique, de si facheux résultats : pour qu’un tel revirement soit produit, il suffit qu’une cause quelconque raméne aux préjugés que représentait, en 1845, avec tant de hauteur, l'homme d’Etat qui, dans ja derniére discussion, a donné gracieusement Ja réplique 4 Mgr Parisis. Nous ne craignons pas d'ajou~ ter que rien n’est plus facile que d’effaroucher sur un point aussi déli- eat l’esprit public, 4 peine ramené a des idées pl us saines, et nous met- tons en premiére ligne, parmi les causes qui seraient capables de pro- duire une réaction aussi déplorable, de nouvelles preuves de la ten- dance qui entraine aujourd’hui des hommes si éminents 4 désespérer de Ja liberté pour l’avantage de l’Eglise, et 4 lui offrir en échange la perspective, séduisante peut-étre, mais certainement trompeuse de l'au- torité. ;

Nous ignorons ce que feront les congrégations auxquelles la lof offre une perspective si mélée de périls: peut-étre les braveront - elles ; mais si elles s’y décident, ce sera certainement de leur part une preuve

10 LA VERITE SUR.LA LOI

de dévouement, et non le résultat d'une confiance raisonnable’ dang la solidité de la situation qui leur est faite par voie de prétermission légis- lative.

- Les avantages que la loi fait aux congrégations déji reconnues sont beaucoup plus positifs ; il est certain que les supérieures deces congréga~ tions pourront présenter directement leurs sujets aux écoles primaires communales; qu’ilsauront le droit d‘ouvrir des pensionnats primaires; qu'en outre l'Université ne pourra empécher les curés ou leurs vicaires de se faire maitres d’école, et que méme un curé pourra, sans crainte d’étre trainé devant la police correctionnelle, donner d guatre jeunes gens (mais pas plus!) deslecons d’humanité, de rhétorique ot de philo- sophie. Nous ne contestons pas l’affranchissement, pour les petits sé- ‘minaires, des entraves mises au costume, 4 l’admission des externes, et -en général au nombre des éléves. Nous reconnaissons méme que c’est un bénéfice que de voir consacrer par la loi la désuétude dans laquelle étaient déja tombées plusieurs de ces prescriptions ridicules ou odieuses; mais enfin, pour en arriver ace point, si avantageux qu’il soit, était-il nécossaire de remuer ainsi des montagnes, et surtout de sacrifier des principes si énergiquement défendus, jusque et non comprise la com- mission rassembiée par M. de Falloux? Il nous semble, quant 4 nous, que le mouvement des esprits et le résultat des derniéres expériences y portait assez naturellement, pour qu’on en vint a régler ces points, presque tous secondaires, sans transaction et sans concordat. Quelqué féroces que soient les préjugés, ils cédent devant la terreur du socia- lisme, surtout chez ceux que le socialisme menace directement: c’est ainsi qu'on a vu. tomber tout 4 coup les dernié¢res barriéres qui s’oppo- saient a l’action des Fréres de la doctrine chrétienne et des autres con- grégations vouées 4 l’enseigoement primaire. Entre un Frére ignoran- tin et un magister socialiste, le choix ne peut étre douteux, et la loi, en définitive, ne fait que constater ce revirement, déja senti par tout le monde.

M. l’évéque de Langres rappelle aussi que la Joi met légalement au ni- veau du brevet de capacité les lettres d’obédience délivrées aux reli- gieuses par leurs supérieurs, Dans cette assimilation inspirée par les mémes motifs que les dispositions favorables aux congrégations d’insti- tutions primaires, lillustre prélat voit la liberté de Véducation des filles: C’est peut-étre donner une bien grande signification & une disposition si simple; mais cet optimisme étonnera moins si l’on a recours au chae pitre dans lequel, & propos des lettres d’obédience, Mgr. Parisis a re- tracé, en termes vifs et profondément sentis, la conspiration contre l'enseignement des religieuses dont le succés devait compléter les em-

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Vahissements du monopole. « Eh bien! ajoute alors le vénérable écri- « vain, il est impossible de ne pas le reconnattre, le chapitre V de la loi enous délivre formellement de ces dangers; l'éducation des filles est «libre; les lettres d’obédience remplacent légalement le brevet de ca- « pacité pour toutes les institutrices appartenant & toutes les congré- « gations religfeuses reconnues. La surveillance de ces élablissements, qui «doit étre tout 4 la fois si intelligente et si délicate, ne s*exrercera que « d’aprés des réglements spéciauz; et grace 4 ces dispositions rassuran- utes, la religion, longtemps inquiétée sur l'avenir d'une des plus pré- « cieuses portions de son apostolat, pourra continuer 4 former deux « des gloires les plus pures de la France, des méres chrétiennes et des « Seurs de charité. » .

It résulte de cette citation que, pour compléter l’énuthération des bienfaits de la loi, M. l’évéque de Langres aurait dQ y insérer un der- nier paragraphe ainsi concu : La surveillance des établissements d’éducas tion pour les filles ne s’exercera que d’apres des réglements spéciaux. Mais cette proposition, ainsi dépouiliée des développements qui l’entourent dans le chapitre dont nous venons de citer la conclusion, aurait donné Hieu 4 quelques questions embarrassantes. On aurait demandé dés I’a- bord: fl y aura donc un mode de surveillance pour l’éducation des filles donnée dans les couvents? Le législateur a hésité, il est vrai, 4 écrire formellement que les couvents de femmes seraient inspectés; cette prétention aurait soulevé trop de répugnances; nous n’en sommes pas moins obligés de croire a l‘existence d'arriére-pensées qui montrent que la conspiration subsiste toujours, et que sur ce point le combat n'a été encore une fois qu’ajourné entre l’Eglise et ses adversaires. L’ave- nir méme est ici plus menacant que pour !es établissements que vou- draient former les congrégations d’hommes non autorisées. Celles-ci sont renvoyées 4 la loi sur les associations; mais on livre les pau- vres religieuses 4 la merci du futur conseil de linstruction. pu- blique. « Art. 50. Tout ce qui se rapporte a Vexamen des institutrices, et & «la surveillance et a PinsprcTiIoN des écoles de filles, sera Vobjet d’un rée- «glement délibéré en conseil supérieur. » Cest-a-dire que la loi institue formellement une inspection des écoles de filles, et qu’elle remet la dé- termination des formes de cette inspection 4 un conseil supérieur ou les huit membres permanents, lesdeux protestants et l’israélite, en tout onue personnes sur vingt-huit, constitueront dés l‘abord une minorité oa hostile ou peu favorable a l’Eglise, et ob, pour compléter une majo- rité contre elle, il suffira que guaire des neuf membres désignés par le conseil d’Etat, la Cour de cassation et I’[nstitut, trois corps qui ne por- tent pas écrit sur leur front un certificat de catholicisme, inclinent dans

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le sens de la conspiration si énergiquement flétrie par Mgr Parisis!

Voila pour les avantages spécialement religieux : examinons actuelle- ment ce qui concerne les avantages assurés 4 la liberté en général, et dont, comme de raison, la religion devra profiter. M. Pévéque de Lan- gres établit & ce sujet que Ja lol « détruit l’obligation de l’autorisation « préalable, et qu’elle réduit 4 des conditions modérées les garanties a de moralité et de capacité exigées par la Constitution. » .

Ces propositions sont exactes, et nous ne les contestons pas; nous nous en réjouissons méme, si l’on veut, avec les partisans du projet de loi. Mais y a-t-il donc 14 une si grande nouveauté? Oui, si l'on passe du pur monopole, si soigneusement maintenu jusqu’a ce jour, 4 I’état lé- gal, conforme non-seulement a la Constitution de 4848, mais encore & la Charte de 1830. Sans doute il est profondément déplorable qu’en dix- huit ans la monarchie de Juillet n’ait pas trouvé le temps d’accomplir une promesse de la Charte, et qu’en attendant elle aitimposé obstiné- ment le joug du monopole universitaire; sans doute, et ici nous nous trouvons d’accord avec Mer Parisis, c’est quelque chose que d’6tre sorti ‘de ce monstrueux statu quo; mais enfin, n’est-il pas clair pour tout le monde que du moment qu’on aurait organisé légalement la liberté de l’enseignement, le régime de l’autorisation préalable aurait cessé? Sur ce point. la conquéte est donc en quelque sorte forcée, ce qui réduit invinciblement la mesure de notre reconnaissance envers les auteurs de la loi nouvelle.

Reste la modération mise aux garanties de moralité et de capacité exigées par la Constitution ; mais sur ce point, notre satisfaction n'est pas encore sans mélange. Nous ajouterons méme qu’au besoin nqus n’aurions pas exigé une aussi grande modération. Oui, si on nous avait laissé la Jiberté du choix, si on nous edt dit : Qu’aimez-vous mieux, ou d’une carriére difficile 4 fentrée, mais sire aprés l’accomplissement des garanties d’admission, ou d’une profession dont l'abord est enga- geant, mais dont l’exercice peut étre semé d’entraves et de déceptions, nous n’aurions pas hésité. Nous aurions dit: L'obstacle d’abord, pourvu que nous ayons Ja liberté ensuite. Les législateurs font des codes; ils ne rédigent pas de prospectus,

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Ainsi, quelques efforts que nous fassions pour nous mettre au diapa- son des partisans du projet de loi, dés que nous quittons la surface et que nous arrivons au tuf, nous trouvons le systéme sur lequel la lof se fonde, et ce systéme continue de nous paratitre inacceptable. M. l’évé- que de Langres, on le savait d’'avance, on en sera bien plus convaincu

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encore aprés avoir ju sa brochure, n’est pas plus favorable que nous au systéme de Ja loi ; mais, dans son esprit, la circonstance l’emporte sur le sysiéme méme, et quand les raisons fondamentales lui manquent pour justifier la loi, il n’hésite pas A s'appuyer sur les terreurs du moment. L’illustre écrivain nous a formellement permis, dans un de ses discours, de distinguer quelquefois en lui le représentant de ]’é- yéque ; qu'il nous pardonne donc le regret profond que nous éprouvons ici & voir l'évéque céder en quelque fagon la place au représentant; et. méme il ne serait nullement nécessaire de recourir 4 un dédoublement si délicat d'une personne que nous respectons et que nous admirons dansson unité, telle qu'elle se présente naturellementa nos regards. L’é- véque doit étre fort rarement disposé, sur des questions aussi graves, 4 faire la part des circonstances; le représentant doit se dire : S‘agit-il dun cas extraordinaire, d'un danger immédiat, nous avons la formule de la République romaine : Ne guid detrimenti respublica capiat; aux grands mots, les grands remédes. Mais si I’on parle d‘une Joi orga- nique, par conséquent d’une loj de principes et qui doit régler Invaria- blement l'avenir, consignez a la porte toutes Jes terreurs passagéres, et pour des dispositions qui voudraient étre immuables, ne vous appuyez que sur des régles immuables. La raison le dit, l"expérience le démon- tre: les lois dictées par les circonstances sont emportées par des cir- constances nouvelles. Vous avez mélé le provisoire et le définitif, lex- ception et la régle, et c’est pourquoi vous n’avez accompli qu'une ceu- vre éphémére, et pour une ceuvre éphémeére il n’a pas dépendu de vous que le catholicisme, que l’Eglise ne donnassent une consécration solen- nelle & une institution fondée contre le catholicismeet l’Eglise. Heureu~ sement il n’en est rien.

On le voit, M. ’évéque de Langres ne nous a pas convertis 4 la lol, il he nous y a pas méme résignés ; il ne se proposait pas le premier but, nous lui demandons la permission de dire qu'il a manqué sur nous le second ; pourquoi cela ? C'est que, signalant& son point de vue Jes vices de Ja loi, il n’en a envisagé qu'une partie. Ce qu'il n'a pas yu, ou ce qu'il n‘a pas dit, nous allons tacher de Je montrer aux yeux et de le proclamer & notre tour. Pour le faire briévement, et autant que possible d'une maniére péremptoire, il nous serait difficile de suivre l’ordre des idées développées dans la premiére partie de la Vérité sur la loi de Censeignement ; nous y substituerons quelques propositions plus com- préhensives, et qui, si nous ne nous faisons pas illusion, nous transpor- teront au delé du cercle dans lequel les deux commissions et l‘Assem- blée elle-méme se sont si obstinément maintenues.

Au début de cette grosse affaire, personne ne savalt encore ov l'on

14 LA VERITE SUR LA LOI

allait : c’est une justice 4 rendre & tous ceux qui y ont pris part. M. de Falloux, ayant accepté le ministére de l’instruction publique, était en- gagé par cela méme 4 remplir les espérances si longtemps ajournées des catholiques ; son admirable position parlementaire lui rendait plug facile qu’A un autre d’amener 4 composition nos anciens adversaires, déja si ébraniés par impression des derniers événements. C’est donc avec un sentiment de joie et méme de confiance que nous avons vu le jeune ministre former des commissions dans lesquelles {l mettait en face les uns des autres les hommes qui s’étaient naguére combattus avec le plus d’acharnement: on s’était bien trouvé de ces rapproches ments dans les comités de l’Assemblés constituante et l’expérience jus~ tifiait déja la hardiesse de la tentative.

.. En conséquence, on désigna les membres de deux commissions dis» tinctes : l'une pour |’enseignement primaire, l'autre pour l’enseigne- ment secondaire. Le choix des commissaires nommés était 4 la fois habile ‘et loyal : il était permis d’attendre quelque chose de leurs déli- bérations. Cependant, 4 peine les deux réunions étaient-elles entrées en séance, qu’on apprit dans le public la résolution qu'elles avaient prise de se fondre en un seul corps et d’examiner en commun les deux enseignements. Si nous ne nous trompons, l’initiative de ces résolution® vint des commissions’ elles-mémes, et le ministre ne fit qu’acquiescer & la proposition qu’on lui avait faite. A la nouvelle de cette fusion, nous ne pdmes nous défendre d’un triste pressentiment. Plus tard, et quand Fosuvre de la commission collective fut rendue publique, nous primes des informations sur les motifs qui avaient inspiré cette regrettable résolution, et l’on ne put nous en alléguer d'autres que des considéra- tions de stratégie parlementaire. Etait-ce un piége dans lequel les catholiques avaient été entratnés dés l’abord, et qui suffisait pour pa- valyser leur action? L’habitude des assemblées délibérantes et les préoccupations que crée cette vie exceptionnelle avaient-elles exeroé cette foils, comme presque toujours, une influence prépondeérante ? Quoi qu'il) en soit, l’effet de la fusion était d’opérer au début des délibérations un nivellement des questions entiérement favorable aux prétentions ‘universitaires.

Rien au monde n’est plus dissemblable que l’enseignement primaire et que l’enseignement secondaire, ou plutét (car il est bon, pour se fairé comprendre, d’écarter un vocabulaire administratif créé pour imprimer % tout une physionomie uniforme) rien ne différe plus que lenseigne- ment populaire et la préparation A l’enseignement supérieur. D’uné part, le programme est nécessairement limité ; de l'autre, il n‘a de bor= ‘hes que le temps qu'on y consacre et l'age des éléves qui s’y appliquent.

DE L’ENSEIGNEMENT. £5

Dans le premier systéme, I’Instruction générale qu'on donne n’est qu’un

ceoroliaire de l’enseignement religieux ; dans Je second, on n'a besoin,

sons le rapport religieux, que d’entretenir les impressions données pag

lalpremiére communion, et l’effort se concentre principalement sur le

développement des connaissances littéraires. L’enseignement populaire

doit 6tre étendu autant que possible a tous les citoyens ; l’enseignement

préparatoire n'est propre qu’a ceux qui se destinent aux professions li«

bérales. Bref, l’opposition est flagrante sur tous les points. Aussi, avant notre Université, aucun pays ne s’était avisé de ranger sous la méme férule des éléments aussi dissemblables. Comme nous n’ayons pasici® &crire l'histoire de la question, i] nous importe peu de rechercher si la eentralisation impériale s’était proposé d’englober l’enseignement pri- meire dans le gouvernement de instruction publique : ce qui est cer- tain, c’est qu’aprés une lutte qui se prolongea pendant toute la Restau-

ration, lutte od l’esprit philosophique se proposait d’extirper l’ensel~ gnement religieux au moyen de la méthode lancastrienne, le gouverne:

- ment de Juillet parvint le premier & rattacher 4 l'Université la branche

de l’enseignement primaire. On juge aujourd'hui avec une juste sévérité

ja loi de 1833, qui opéra cette annexion, parce qu’on voit trop claira~ ment les inconvénients de cette loi; mais il ne faut pas oublier qua quand elle fut faite, la plupart des esprits modérés l’acceptérent pré- cisément comme un moyen de pacification, comme une transaction en-. tre les prétentions alors jugées exorbitantes du clergé et les prétendus draits de lindépendance phiiosophique personnifiée dans l’Etat ensel-

grant. Confondre ainsi dans une délibération commune la question de l’en-. seignement populaire et celle de