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Rue des Clercs, 14.

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SEP 29 1936

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SÉANCE PUBLIQUE

LE

L'ACADÉMIE IMPÉRIALE

DE METZ,

DU DIMANCHE 13 MAI 1870

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DISCOURS

PRONONCE

PAR M. EUG. GRELLOIS, PRÉSIDENT.

ÉLOGE

DE

M. LE SÉNATEUR BARON CH. DE LADOUCETTE.

Les passions nous promettent et nous vendent des ombres de bonheur qui passent comme up éclair, tandis que la bienfaisance nous offre des plaisirs vrais qui ne s'usent point, qui se renouvellent toujours et dont le souvenir seul est un bonheur.

(DE SÉGUR. Diso. de l’Ac. franç.)

Messieurs,

Je regrette, en vérité, que nes premières paroles, en présence de l'auditoire distingué qui nous entoure, soient l'expression d’un mauvais sentiment. Ce sens ment, je le confesse en toute humilité, c’est l'envie. Pourrais-je, en effet, ne pas porter envie à ceux de nos collègues qui, tout spécialement voués au

|

9 SÉANCE PUBLIQUE.

culte des lettres, possèdent le don bien assuré de vous plaire, parce qu'un vaste champ ouvre à leur plume spirituelle ses entrailles d'une inépuisable fécondité ; parce que, maitres dans l’art de bien dire, ils savent gracicusement exposer les sujets par eux- mêmes les plus gracieux. Toute ma carrière, longue déjà, s’est écoulée dans les régions plus âpres et plus sévères de la science, qui, moins soucieuse de la forme, sait rarement emprunter aux artifices du langage le charme nécessaire pour inspirer l’in- térêt et captiver l'attention. C’est donc parmi les motifs de la science, quelque ingrats fussent-iis en mes mains, que J'étais appelé à chercher le texte de ce tribut académique. Mon choix était fait, lorsqu'un événement, à jamais mémorable dans les fastes de notre compagnie, est venu m'entrainer sur un ter- rain qui n'est étranger, me jeter dans un ordre d'idées qui ne m'est point familier.

L'un de nos plus éminents compatriotes et col- lècues, couronnant une belle vie par une mort non moins belle, a bien voulu, par de généreuses dispo- sitions testamentaires, choisir l'Académie impériale de Metz pour continuer, dans l'avenir, l’une de ces œuvres de bicnfaisance qui avaient été l’objet le plus constant de ses préoccupations, distribution annuelle de prix à titre d'encourasements à la vertu.

J'ai nommé M. le Sénateur baron Charles de La- doucette *.

Le Président s'empressa, Messieurs, de porter à votre connaissance ces dispositions, appelées à donner

Membre correspondant de l’Académie impériale de Metz depuis 1845.

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 3

à notre Société un lustre nouveau, à sa devise l’Utile une haute et nouvelle consécration.

Par un vote unanime et spontané, l'Académie accepta la mission si délicate et si honorable que lui confiait le donateur, elle décida, comme mani- festation de sa gratitude, que le buste de M. de Ladoucette serait placé dans la salle de ses séances et qu'elle ferait, en ce jour solennel, connaitre la vie de cet homme de bien.

L'Académie pouvait choisir un panégyriste parmi ceux de ses membres qu'un talent éprouvé recom- mandait à ses suffrages, mais en imposant, en quelque sorte, cet éloge comme texte du discours présiden- tiel, elle a voulu donner à ce témoignage le carac- tère le plus ofliciel, l'expression la plus élevée de ses sympathies. Sans écouter la voix qui m’avertissait de mon insuffisance, j'ai été heureux de m'associer à cette louable pensée, parce que M. de Ladoucette m'honorait de son amitié, parce que j avais pu apprécier l’excel- lence de son cœur, parce que, à défaut d'éloquence, mes paroles devaient être, du moins, un écho de mes sentiments intimes.

Quoi de mieux établi, Messieurs, que la loi phy- siolosique qui préside à la transmission des qualités dominantes des parents à leur descendance ? Héritage précieux, puisque la noblesse de race lui doit son existence et son prestige ; mais funcsie aussi, puis- qu'il imprime au front des enfants la réprobation qui flétrissait le front d'un père coupable. Si le fils d'un grand homme n’est pas nécessairement un grand homme lui-même, si parfois nous voyons le vice donner naissance à la vertu, loujours est-il que chez les uns et chez les autres, cn doit s'attendre à trouver,

4 SÉANCE PUBLIQUE.

tout au moins, quelques indices de qualités origi- nelles.

La première éducation ne trace pas, dans le cerveau malléable de l'enfant, un sillon moins profond. Si le rôle dominant appartient à la mère, dans l'initiation du jeune être au monde qui s'ouvre devant lui et dans les leçons qui s'adressent du cœur au cœur, nous voyons, aux premières lueurs de l'intelligence, le père apparaitre, s'emparer de son fils et ouvrir à son esprit les premiers horizons, suivant la nature et l'étendue de ses propres connaissances.

Il y a donc, Messieurs, plus qu’un simple intérêt de curiosité, dans une étude biographique, à faire sortir de sa tombe la lignée ascendante, pour la faire comparaitre au grand jour de l’histoire. C'est un indispensable préliminaire.

Dans le cours du siècle dernier vivait, en notre ville, un médecin du nom de Ladoucette ‘. C'était un homme instruit, expérimenté, jouissant d’une grande considération, possesseur déjà d’une fortune consi- dérable. Il eut l'honneur d’être consulté dans la grave maladie que Louis XV fit à Metz et le bonheur de contribuer à la guérison de Sa Majesté.

Voulant ratlacher à cet événement une pensée religieuse, il sollicita et obtint de son royal client la construction du portail actuel de notre cathédrale, comme témoignage de gratitude pour l'intervention divine dans cette guérison ?. Les archives du clergé

* Jacques-Augustin Ladoucette, [ui-méme fils d'un médecin

étabh à Gorze. 3 A la manière d'Ambhroise Paré, disant d'un malade illustre.

a Je le pansay, Dieu le guarit. »

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 5

mentionnent, dit-on, quelques mots sculptes à ce sujet dans les dentelles de l’une des parties de léditice. Le maréchal de Belle-fsle, gouverneur de la province, le nomma Chirursien-major des ville ct citadelle de Metz, en 1745; le roi, qui avait pu apprécier l'étendue de son zèle et de sa capacité, rendit une ordonnance qui le confirmait dans celte position, constituant alors une charge assez considérable, et lui conféra le titre de chevalier, avec concession d’armoiries renfermant, entre autres indications, frois feuilles de Doucelte".

Son fils, avocat distingué au parlement de Paris, donna naissance, en 1772, à Jean-Charles-François de Ladoucette qui était, avant trente ans, préfet des Hautes-Alpes. Son administration, dans ce départe- ment pauvre, arricré, inculte, ne fut, durant près de huit ans, qu’une suite de bienfaits qui laissèrent son nom populaire dans la contrée : travaux publics de toute nature, fondation de prix destinés à encou- rager les belles actions, ainsi que les œuvres utiles à l'industrie et à l’agriculture. Voici ce que me ra- conlait un jour, à ce sujet, notre savant et vénérable collégue, M. Dommanget : « Deux de mes fils, offi- cicers d'infanterie, étaient, il y a quelques années, en

! Doucette ou Mäche commune (Valerianella olitoria).

Écusson du docteur Jacques-Augustin Ladoucette : Trois tètes de salade Doucette.

Écusson de Mme Jacques - Augustin Ladoucette, née Vaudois : Un veau et un doigt.

6 SÉANCE PUBLIQUE.

garnison à Briançon et à Montdauphin. A leur retour à Metz ils prenaient plaisir à me parler des souvenirs que notre compatriote, M. de Ladoucette père, avait laissés dans le département des Hautes-Alpes. Sa mémoire, disaient-ils, est encore en honneur dans ces contrées abruptes, des voies de communication, jugées impraticables avant lui, n’ont pu être établies que par des efforts persévérants. Ces souvenirs sont consacrés par des monuments, par des inscriptions, qu'on rencontre fréquemment au bord des chemins ou près des torrents, cet éminent administrateur avait fait exécuter les travaux les plus remarquables et les plus utiles aux populations, souvent à l’aide de ses propres deniers. »

Mais les habitants de ces montagnes, en élevant une statue à sa mémoire, ont donné un témoignage plus récent et plus éclatant encore des services signalés que leur avait rendus le préfet de Ladou- cette ‘, services qui lui avaient mérité, en 1809, le titre de baron de l’empire *.

! Cette statue fut inaugurée le 23 septembre 1866, au milieu d'un concours immense de population, en présence des deux fils du préfet de Ladoucette. Cette solennité fut l'occasion des manifestations les plus flatteuses et les plus touchantes pour les différents membres de la famille, à Gap et dans les autres villes du département.

* Armes de M. le baron Jean-Charles- François de Ladoucette, données par Napo- léon Ier, représentant :

Une montagne des Hautes-Alpes ;

Une fortification ou forteresse surmontée d’une couronne de lauriers ;

Un coq, signe de la vigilance.

Au bas la croix de la Légion d'honneur.

Voici comment cet écusson est détaillé sur

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 7

Appelé, à cette époque, à l'administration du dé- partement de la Roër, il apporta, dans ce nouveau poste, toute l’activité, tout le zèle, toute la libéralité même qui étaient l’essence propre de sa nature. Au milieu des circonstances les plus périlleuses, en face de l’ennemi qui menaçait et bientôt envahissait nos frontières, il se signala par des actes suffisants pour assurer la gloire d’un administrateur et celle d’un soldat *.

En 1815, après le débarquement de l'ile d’Elbe, l'Empereur, sans s’arrêter aux prières des habitants des Hautes-Alpes, qui réclamaient leur ancien préfet, jugea que M. de Ladoucette rendrait des services plus utiles sur la frontière la plus menacée et servant, en quelque sorte, de boulevard à la France; il l’envoya à Metz. Ce magistrat contribua, dans une large mesure, à la défense du territoire, par la levée de troupes actives, de volontaires, de gardes nationaux, autant que par des approvisionnements de toute

Je brevot délivré le 31 décembre 1809: Coupé: d’azur et d’or; l’azur à la montagne d’or sénestrée d’un soleil cantonnée du même ; l'or au coq de sable, chantant, crété, membré et barbé de gueules du tiers de l’écu: franc quartier des barons, et pour livrées les couleurs de l’écu.

* Après cinq ans de remarquables travaux, M. de Ladoucette quiltait la Roër il laissait, non moins que dans les Alpes, de vifs regrets et un nom vénéré. Il sortit d’Aix-la-Chapelle, sa rési- dence, après avoir surveillé lui-même le départ des malades et des blessés, tandis que les Cosaques entraient dans cette ville par une autre porte. Les habitants, peu soucieux de la vengeance de l'ennemi, l’escortèrent jusqu'à la route de Liége, il trouva vingt mille ouvriers invoquant le ciel pour son retour. Les alliés se vengérent d’une telle popularité en faisant rain basse sur tout ce qui lui appartenait en propre et qu’il avait abandonner dans sa retraite précipitée.

8 SÉANCE PUBLIQUE.

nature. De concert avec le général commandant en chef !, 11 sut entretenir dans la ville assiégée l'ordre le plus sévère, prévenir toute plainte, toute sédition ; tous deux rejetérent, avec mépris, cerlaines proposi- tions de l’ennemi, touchant la reddition de la place *. S'il fût tombé au pouvoir des Russes, la Sibérie l'attendait, pour prix de son dévouement à la cause que les alliés venaient combattre. Rentré dans la vie privée, par suite des graves événements de cette époque, M. de Ladoucette refusa toutes les offres d'un gouvernernent qui ne répondait point à ses

* Aux noms du général de division Miollis et du préfet de Ladou- cette, il convient de joindre celui de M. le baron de Gerando, conseiller d’État, nommé à cette époque commissaire extraordi- naire dans la troisième division militaire (Metz), par le ministre Carnot.

Des attributions étendues étaient attachées à cette position ; ainsi, pendant la courte durée de ses pouvoirs, il remplaça deux chefs de légion, nomma un sous-préfet à Briey (M. Gérard) et un conseiller de préfecture à Metz (M. Berteaux). L'administration du dépar- tement n’en restait pas moins toute entière aux mains du préfet.

Personne n'ignore que le haut fonctionnaire qui est l’ohjet de ceitte note, était le père de notre honorable et savant collègue, M. le baron de Gcrando, procureur général près la Cour impériale de Metz.

* Les souvenirs de sa famille ainsi que ses écritures et corres- pondances établissent :

Que dès que l'Empereur connut les dispositions prises par le jeune préfet, pour conserver les places militaires de la frontière de l’Est, ainsi que pour mettre la ville de Metz en état de résister au blocus qui l’étreignait étroitement, il le nomma comte d'Orly, du nom de la belle propriété que M. de Ladoucette possédait près de Metz, et que le général ennemi, dirigeant l’attaque du chef- lieu de la Moselle, venait de brûler à la suite dn refus du préfet et du général Miollis d'entrer en négociations.

M. de Ladoucette ne voulant rien devoir à la Restauration, ne lui demanda pas la confirmation de ce titre.

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 9

convictions politiques. Il se consacra tout entier à la culture des lettres et aux soins que réclamait sa jeune famille.

Mais sa courte administration avait laissé, dans notre pays, de trop vivaces souvenirs pour que le département de la Moselle ne cherchät à se rattacher, par de nouveaux liens, un homme aussi versé dans la pratique des affaires et dans la connaissance de nos besoins. En 1834, l'arrondissement de Briey lui confiait le mandat de député, qu'il conserva jusqu'à sa mort, en 1848, malgré les plus actives compétitions. Dans ces nouvellesfonctions, le grand sens de M. de La- doucette trouva de nombreuses et utiles applications. Il combattit avec talent et succès les propositions relatives au déboisement, présentées plusieurs fois à la Chambre; il avait trop bien pu apprécier, dans les Alpes, les dangers d’un tel régime pour ne pas s'opposer, de toutes ses forces, à sa généralisation. Ce qu’il demandait, au contraire, en s'appuyant sur de solides raisons, c'était le reboisement des mon- tagnes et des terrains inclinés. Il appela, en outre, l'attention du gouvernement sur de nombreuses questions d’intérèt général : agriculture, industrie, instruction publique, voies de communication, biens communaux, etc. On lui doit, sur ces questions, divers rapports remarquables par la justesse des vues et la lucidité de l’exposition.

Mais je ne saurais m'abandonner aux sentiments qu'inspire une existence si noblement remplie; Je

Écrivain distingné, M. de Ladoucette est auteur d'ouvrages nombreux qui attestent la variété de ses connaissances ét la droi- ture de son jugement, en agriculture et dans les lettres, l'histoire, l'archéologie,

2

10 SÉANCE PUBLIQUE.

dois me souvenir que j'ai surtout à vous entretenir de l’un des fils de cet homme bienveillant, de cet éminent magistrat. En accordant au père une partie du temps que je devais au fils, j'ai voulu montrer, une fois de plus, que, @ans certaines familles, l'in- telligence et la vertu sont des trésors héréditaires; j'ai voulu prouver combien l'influence paternelle avait laissé une profonde empreinte dans l’esprit de M. Ch. de Ladoucette.

Puis-je, aussi, ne pas consacrer un mot au sou- venir de sa mère, objet d’une tendresse si vive et si méritée? Issue de l'une des familles les plus hono- rables de Metz, elle offrait le modèle accompli de la femme du monde et de la mère de famille. Voir Mre de Ladoucette c'était l’aimer; la connaitre c'était la vénérer. Aussi Marie-Louise, séduite par tant de qualités, voulut-elle se l’attacher comme dame d’hon- neur. Mais elle refusa cette position brillante, ne pouvant confier à d’autres le soin de ses enfants, qu’elle dirigeait dans les voies d’un christianisme éclairé, indulgent et charitable. La vie toute entière de Charles ne fut que l'épanouissement de cette première éducation.

Il naquit à Gap en 1809, mais c’est à Aix-la-Cha- pelle que s'écoula sa première enfance *. M. de

* Fille unique de M. Gobert, député de la Moselle au Conseil des Cinq-Cents.

3? Il eut pour parrain Louis Bonaparte, roi de Hollande, qui écrivit, à cette occasion, à M. le Préfet de Ladoucette, la lettre autographe suivante :

« Je charge et prie M. le baron de Ladoucette, préfet du dépar- tement de la Roër, de vouloir bien me représenter comme parrain de M. son fils, avec celle que madame désignera pour la représenter. En ce que cela ne soit pas possible, je désire que Madame X,

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 11

Ladoucette, retiré à Paris en 1815, plaça ses fils, dont il surveillait avec soin l'instruction, sous la direc- tion d’un sage et habile précepteur, l'abbé Louis. Aux cours du collége Bourbon', qu'ils suivaient comme externes, ils obtinrent des succès universi- taires, ils jouirent même de l'honneur de nomina- tions aux grands concours.

Franchissons rapidement cette période durant laquelle l'adolescent apprend à devenir homme. Nous arrivons à 1830. La France frémissait encore de sa révolution de trois jours. L'Europe, profondément émue de la chute d’un gouvernement dont ses forces coalisées avaient favorisé le retour, semblait menacer d'une nouvelle invasion le sol ébranlé de la patrie. L'appel aux armes retentissait sur tous les points du territoire. Charles de Ladoucette était resté, jus- qu'alors, indécis sur le choix d’une carrière, mais le métier des armes, s’offrant à ses yeux avec tout le prestige de services à rendre et de gloire à acquérir, promettait une ample satisfaction à ses généreux instincts. Déclaré admissible à l’École polytechnique en 1830, il avait été attaché à l'état-major du lieute- nant-général comte Roguet, alors gouverneur de la ville de Paris; puis, admis en qualité de sous-lieute- nant à l'École de cavalerie de Saumur, il en sortait, en 1832, pour être placé au régiment de dragons, commandé par l’un de nos compatriwtes, le colonel

femme du maire d’Aix, veuille avoir cette complaisance, en don- nant en même temps des noms au jeune enfant.

» Au camp de Tilsitt, ce 44 août 1811. » Signé : Louis NAPOLÉON.

» Je ne prends ici d'autre nom que celui de M. de Saint-Leu. » ! Aujourd’hui Lycée Bonaparte.

42 SÉANCE PUBLIQUE,

Kœnig. Il fit, avec ce régiment, la campagne de Belgique, prit part au siége de la citadelle d'Anvers, et, dans les rares occasions qui se présentérent, notamment dans une reconnaissance dont le com- mandement lui était confié, se fit distinguer comme unofficicr d'avenir, par sonentente parfaite des besoins et des difficultés du service de guerre. À l'issue de cette campagne, le Roi, sur le rapport du Duc d'Orléans, lui fit remettre un sabre d'honneur. Mais cette expé- dition militaire fut de courte durée, et tout faisait présager une paix qui se conclut bientôt, en effet, et que rien ne vint de longtemps troubler. La vie de garnison, avec soninaction forcée, ne pouvait convenir à notre jeune officier : instruit, animé de l'amour du travail qu'il avait contracté dès ses premières années : désireux de jouer un rôle plus actif et plus immédiate- ment utile au pays, il donna sa démission en 1837, . pour suivre une voie plus conforme à ses goûts et à la nature de son intellisgence ‘.

. Lettre adressée par le colonel Kænig à M. le général de Blanquefort, à Beauvais, à l'appui de l'offre de démission de M. Ch. de Ladoucette :

« Mon général,

» J'ai l'honneur de vous adresser une demande faite par M. Ch. de Ladoucelte, sous-lieutenant au régiment que je commande, à l'effet d'obtenir l'approbation de sa démission.

» M. de Ladoucctte est un officier distingué, a toujours fait preuve de zèle et de dévouement depuis qu'il est au corps; il y est entré à une époqne l'on pensait généralement que la guerre aurait lieu et qu'il pourrait payer sa part de la dette que chaque français doit acquitter envers le pays; mais aujourd'hui, qu'il croit la paix assurée pour longtemps, il renonce à suivre notre carrière, qui n’a jamais été fort en rapport avec ses goûts el ses études antérieures. Désirant prendre une autre direction, il me demande de lui faire obtenir de M. le Minietre de la guerre

DISCOURS DU PRÉSIDENT. 43

Prenant la place que son frère aîné laissait vacante par sa nomination de sous-préfet, il entra au Conseil d'État en qualité d’auditeur. C'est vers la haute ad- ininistration qu'il dirige, désormais, toutes les forces vives de son esprit. Quelques années plus tard il montre l'étendue et la portée de ses vucs par la publication d’un écrit! qui lui mérite les éloges Îles plus flatteurs et le tire de maitre des requites.

La Société centrale et rovale d'agriculture, frappée de voir rester en friches le septième des biens du royaume, les deux tiers de ce sol inutile appartenant aux communes, avait offert une médaille d’or de 2000 francs au meilleur travail sur l’historique de cette siluation, et sur les moyens d’y remédier. Ce prix fut remporté par M. Ch. de Ladoucette. Les éléments du travail qu'il publia sur ce sujet lui avaient été inspirés par un voyage en Normandie, dans le Berry et la Soloyne, et par la culture, qu'il dirigeait lui-même, d'une terre de famille à Viels- Maison (Aisne). Comparant les modes de culture et de location dans ces différentes contrées, il donne la préférence au mode tendant à associer le proprié- taire au fermier.

Le Conseil d'État suffisait aux rêves d'avenir de M. de Ladoucette. S’élever au niveau des attributions variées et litigieuses de cette haute magistrature, telle était sa suprême ambition. Mais une autre carrière, plus brillante encore, devait s'ouvrir devant lui.

Après dix-huit ans de règne la branche cadette

l'acceptation de sa démission. J'appuie donc, quoiqu'à regret, auprès de vous, la demande de M. de Ladoucette, en vous priant, mon général, d’ en presser l’expédition...… »

3 Le Conseil d'Étai en France, de son origine à 18/6.

14 SÉANCE PUBLIQUE.

avait suivi, dans sa chute, la branche ainée des Bourbons. Cette révolution avait enlevé à M. de La- doucette sa position de maitre des requêtes. Sous une nouvelle forme de gouvernement, la Constitution toute entière était à reviser ; une législation nouvelle devait modifier une législation devenue, sur bien des points, en désaccord avec la situation. Les électeurs de la Moselle choisirent M. Ch. de Ladoucette pour représenter notre département à l’Assemblée légis- lative. Sur neuf membres élus son nom sortit de l'urne le deuxième.

C'est devant cette Assemblée qu’il posa la première base d’un code rural, en démontrant la nécessité de résoudre les nombreuses questions naissant des rap- ports de l’homme avec le sol. Son nom restera attaché à la création de ce code, d’une si haute importance pour nos campagnes et qui est enfin sur le point d'aboutir, après plusieurs années d'enquêtes et de consciencieuses études.

Élu, la méme année, membre du Conseil général de la Moselle, il était appelé en 1852, par le chef du pouvoir exécutif, à présider les travaux de cette réunion. Lors de l'installation du bureau, le nouveau président sut résumer avec bonheur, dans une rapide et lumineuse improvisation, la situation de la France et les circonstances qui avaient, le 2 décembre, si profondément modifié notre organisation politique. Sa qualité de membre du Corps législatif donnait à M. de Ladoucette toute autorité pour apprécier cette situation.

Après les événements qui se rapportent à cette date, il fit partie de la Commission consultative.

Nous ne le suivrons point, Messieurs, dans la part qu'il put prendre aux luttes qui agitaient et agitent

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encore notre société; c’est un terrain brûlant sur lequel il nous est interdit de nous engager. Qu'il nous suffise de rappeler qu'élevé dans les traditions d'une constante fidélité à l'Empire, même abattu, qu'admirateur des gloires de notre grande épopée française, il avait salué avec enthousiasme une forme de gouvernement qui plaçait à la tête de la nation un prince dont il avait partagé les premiers jeux, et dont le nom réveillait tant de glorieux souvenirs. D'ailleurs, loin d’aspirer à jouer un grand rôle dans le domaine de la politique, M. de Ladoucette se complaisait dans des sphères moins ardentes, mieux harmonisées avec sa calme ct pacifique nature.

Il attachait une grande importance au développe- ment de l'instruction primaire. Après avoir rappelé, dans un de ses discours d'ouverture de la session du Conseil général, les améliorations apportées au sort des instituteurs, il ajoute : « Le ministre désire aussi arriver à ce que des bibliothèques soient affec- tées à chaque école et à ce qu'un jardin y soit annexé. Par ce moyen, le maitre pourra donner à ses élèves des leçons pratiques d’agriculture et d’horticulture, et les entretenir ainsi dans le goût de ces professions si utiles et si honorables. C’est par des mesures de ce genre, dit-il encore avec une haute raison, que l'on répand de plus en plus, dans les classes ou- vrières, l'instruction qui prend, chaque année, unsi grand accroissement, et non par des moyens coercitifs et obligatoires qui répugnent au caractère français, ainsi qu'aux principes de la liberté et de la puissance paternelles. » |

L'état et l'amélioration des chemins vicinaux furent encore l’objet de l’attention constante de M. de La-

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doucette, pendant les dix-neuf ans de sa présidence du Conseil général.

Remontons à 1852. Le Prince-Président, élevant un nouveau sénat sur les ruines de la pairie renversée, comprit dans la première liste de sénateurs notre éminent compatriote, dont 1l avait pu déjà apprécier tout le dévouement, l'intelligence et la valeur admi- nistrative. M. Ch. de Ladoucette fut à la hauteur de cette grande position. Chaque année plusieurs rap- ports étaient confiés à ses soins, sur toutesles questions relatives à l’agriculture, au bien des campagnes, à l'instruction primaire. Infatisable ouvrier dela pensée, il fut un des promoteurs les plus actifs de mesures propres à améliorer la condition matérielle et morale de l’ouvrier des champs. Nous le voyons ainsi s'élever, avec énergie, contre l'extension abusive, dans les vil- lages non moins que dans les villes, de ces maisons le travailleur va, dans l'ivresse, perdre sa santé et dépeuser le modique salaire sur lequel repose la vie de sa famille. Lorsque la peste bovine désole nos cam- pagnes, ce fléau devient l'objet de sa sollicitude, dont il transmet l'expression au gouvernement. Le traite- ment de ces animaux était, trop souvent, abandonné à des empiriques usurpant le titre de vétérinaires; il s associe à une pétition adressée au Sénat, dans le but de redresser ces abus. Pour le typhus des bêtes à cornes, fléau non moins ruineux, il sollicite et obtient du gouvernement une indemnité en faveur des pro- priétaires de ces animaux atteints. La conservation des forêts lui paraît tellementimportante qu'il propose, a plusieurs reprises, le dégrèvement des impôts qui pésent sur cette partie, si peu productive, de Ja propriété foncière.

Un de ses collègues au Sénat (M. Hubert Delisle)

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avait qualifié l’agriculture de premier des arts de la paix. Il complète l'expression de l’orateur par cette pensée patriotique qui résume toute son estime pour cette féconde nourrice des nations. « Si l'agriculture désire, si elle aime la paix, elle sait aussi payer lar- gement sa dette dans les circonstances la France est obligée de faire ou de supporter la guerre. Elle fournit à nos armées leur plus nombreux et plus solide contingent. »

Lorsque l’État, désireux de donner satisfaction aux plaintes nombreuses soulevées par les entraves qui génent le développement de la richesse agricole, ordonne qu'une enquête soit faite sur cette situation, M. de Ladoucette expose au Sénat, au pays, les améliorations apportées au régime des campagnes par l'initiative gouvernementale ; exprime combien il apprécie cette paternelle mesure et en remercie le pouvoir au nom des agriculteurs de France. Il est ensuite chargé de la présidence d’une des grandes commissions auxquelles fut confié le soin de résumer cette vaste information et de faire des propositions au souvernement.

A l’époque de sa mort il devait réclamer, dans un rapport au Sénat, la suppression des jeux de Monaco, sollicitée par les habitants de Nice, au nom de la morale publique.

Dés qu’une question d'économie politiqueétait agitée par l’opinion, la soumettait à une étude approfondie, et les nombreuses brochures qu'il a publiées, soit avant son entrée à la Chambre législative, soit après son admission au Sénat, peuvent ètre comptées, dans: les travaux de cet ordre, parmi les plus utiles et les plus recommandables.

C'est ainsi que, par une incessante activilé, non

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moins que par l'aménité de ses relations, il avait su conquérir une place importante dans la première assemblée de l’État, qui lui confia plusieurs fois les fonctions de secrétaire et celles de président ou de rapporteur dans les commissions spéciales.

En 1867, M. de Ladoucette avait été invité, par le ministre de l'instruction publique, à présider la distribution des prix du Iycée de Metz. Je ne résiste point, Messicurs, au désir de vous rappeler deux passages de l’allocution, si pleine d’une gracieuse bienveillance envers la jeunesse, qu’il prononça en cette circonstance :

« C'était sous le premier empire, en 1815. Mon père, alors préfet de la Moselle, se rendait au lycée, faisait rassembler, au son du tambour, comme c'était l'usage à cette époque, les jeunes gens qui s’y trou- vaient. Ce n'était pas pour présider pacifiquement une distribution de prix. L’ennemi avait envahi la France. Il était aux portes de Metz. Il fallait couvrir Ja ville, l'empècher de tomber entre les mains de l'ennemi et de perdre sa réputation jusque-là sans tache. L'armée était occupée au dehors. Les inva- lides, les anciens soldats, les gendarmes, les gardes champètres, avaient été convoqués de tous les points du département. Ils ne suffisaient pas pour la défense de la ville. « Mes jeunes amis, leur dit le préfet, vos pères sont à la frontière, autour de l'Empereur, et il ne sera pas donné à nous tous, qui restons ici, de voir la ville de Metz, pour la première fois, prise par l'ennemi. Je viens vous proposer de vous rendre sur les remparts et de vous mettre, dans ce moment solennel, à la disposition du général chargé de la défense. Vons m'y trouverez et Dieu protégera nos efforts en conservant à la France la ville confiée au

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patriotisme de tous ses bons citoyens. » Cet appel fut entendu; les élèves se rendirent sur les remparts, comme firent aussi, à la même époque, les élèves de l'École polytechnique à Paris. Metz fut sauvé !. »

Sans doute, un semblable appel ne pouvait trou- ver d'indifférents dans l’ardente jeunesse de notre valeureuse cité. Mais, nous concevons tous avec quelle légitime fierté le fils du magistrat devait rappeler à son enthousiaste auditoire un tel fait, non moins honorable pour la mémoire de son père, que flatteur pour la génération actuelle, descendant de ces héros imberbes.

Je cite encore, Messieurs:

« L'esprit se repose en présence de cette gaielé si naturelle et si insouciante du jeune âge, qui n’a point encore ressenti ces chagrins auxquels personne, ici-bas, ne peut échapper dans le cours de sa vie. Le cœur se complait dans ces régions sereines, d'où sont bannies les agitations du monde et les déceptions qui viennent malheureusement, chaque jour, détruire nos plus chères illusions. »

Que de douceur, que d’amertume à la fois, dans ces quelques paroles, allusion trop directe à la perte déchirante qu’il venait d’éprouver et qui devait, sur le reste de sa vie, jeter un voile de profonde tristesse.

Sa fille unique, douée de tous les charmes qui font l'ornement dela société et du foyer domestique,mariée depuis un an au comte de Mun ?, était morte en 1865, à l'âge de vingt ans. Ne nous arrêtons point, Messieurs,

! Cette anecdote ayant échappé aux biographes de M. de Ladou- cette père, il nous a semblé que sa place était indiquée dans cette notice.

? M. le comte de Mun est petit-fils du célébre Helvetius, et neveu de Mile de la Ferronnay, auteur des iécits d'une sirur.

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